L’assurance inclusive, retour aux fondamentaux et innovation sociale

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Visuel de Claire BENISTI

L’assurance inclusive, retour aux fondamentaux et innovation sociale

 

« Nous sommes toutes et tous vulnérables, mais nous le sommes très inégalement, avec des capitaux et des refuges très variables. » Ces mots de Michel Naepels [1] nous rappellent que, bien que partageant tous la même fragilité vis-à-vis de l’existence, nous n’affrontons pas cette fragilité avec les mêmes armes. Si beaucoup de facteurs de vulnérabilité sont liés à un niveau de revenus faible ou insuffisant, ils ne se limitent pas à cette seule dimension. Certaines situations conjoncturelles comme le chômage, structurelles comme le handicap, ou encore certains facteurs socio-comportementaux peuvent également exposer les individus à une vulnérabilité chronique et durable [2].
Au-delà des incidences socioéconomiques évidentes, une situation de vulnérabilité met potentiellement en péril la dignité des personnes concernées et fragilise d’autant plus leur capacité de rebond. L’ACPR et l’AMF proposent ainsi une définition éthique de la vulnérabilité « [considérant] comme vulnérables les personnes dont l’autonomie, la dignité et l’intégrité sont menacées. » [3]

Pourtant, derrière les multiples formes de vulnérabilité silencieuses se cachent parfois des énergies créatives qui portent avec courage un projet d’émancipation. Pour beaucoup de personnes éloignées du marché du travail, l’entrepreneuriat est perçu comme une voie de réinsertion économique via la création de son propre emploi. Pour autant, cet élan créatif ne doit pas masquer la précarité sociale qui accompagne bien souvent l’entrepreneuriat, notamment pour les plus fragiles d’entre nous. La mission de la Fondation Entrepreneurs de la Cité vise précisément à accompagner, protéger et pérenniser les entreprises créées à travers l’assurance inclusive

L’Association Internationale des Contrôleurs d’Assurance (AICA) définit l’assurance inclusive comme étant « tout produit d’assurance destiné aux segments du marché exclus ou mal servis en général, plutôt que ciblant exclusivement les pauvres et les personnes à faibles revenus dans une acception étroite ». La Fondation EDLC se reconnaît parfaitement dans cette définition en ce qu’elle s’adresse à des publics fragiles aux profils variés (chômeurs longue durée, bénéficiaires de minima sociaux, travailleurs reconnus handicapés, seniors, etc.) relégués dans les zones grises de l’assurance délaissées par les assureurs privés et les pouvoirs publics. Cette absence de couverture assurantielle génère non seulement des externalités coûteuses pour la société, mais aussi des conséquences dramatiques sur les destins individuels. 

A maints égard, l’assurance inclusive témoigne de la mission originelle de l’assurance et de son utilité sociale comme outil de résilience face aux chocs. « En ce sens, elle constitue une ceinture de sécurité et un rempart pour les populations vulnérables à l’équilibre économique fragile, en sécurisant leurs moyens d’existence et en les préservant face à des situations conjoncturelles qui pourraient, sans assurance, les faire basculer définitivement dans la précarité [4]. » Revenant aux fondamentaux historiques de l’assurance tout en innovant socialement, l’assurance inclusive vise ainsi à protéger en France une part non marginale de la population fragilisée par les différentes crises sanitaires, économiques et sociales à travers des solutions adaptées à ses besoins et à ses contraintes.
Le développement de l’assurance inclusive en France nécessite non seulement une mobilisation des dirigeants d’entreprises d’assurance qui doivent en faire un sujet stratégique et transversal, mais également la restauration de la confiance envers les assureurs pour que les populations aujourd’hui exclues du cercle de la protection perçoivent l’intérêt et la nécessité de s’assurer. Selon Marc Nabeth, Administrateur de la Fondation EDLC : « La décision de confier à un opérateur d’assurance une partie de sa protection ne peut être prise que si celui-ci est jugé légitime, sérieux, capable de proposer des produits d’assurance répondant aux besoins de ces populations vulnérables et inquiètes, c’est-à-dire des garanties d’assurance utiles, accessibles financièrement, compréhensibles [5]. »

 

Claire Benisti
Déléguée Générale de la Fondation

 

 

 

[1] Directeur de recherche en anthropologie politique au Centre d’Etude des Mouvements Sociaux

[2] Pauline Becquey et François Garreau, La RSE dans l’assurance, Edition Argus de l’Assurance, 2020

[3] ACPR et AMF, Pratiques de commercialisation et populations vieillissantes, décembre 2018

[4] Pauline Becquey et François Garreau, La RSE dans l’assurance, Edition Argus de l’Assurance, 2020

[5] Marc Nabeth, L’assurance inclusive, Edition Argus de l’Assurance, 2021